Alors même que nous sommes en pleine pandémie, un nouveau sondage révèle que la plupart des Canadiens demeurent préoccupés par le changement climatique — et veulent que l’électricité propre fasse partie de la solution.

Plus précisément, selon le sondage réalisé par Abacus Data, 94 % des Canadiens estiment que la transition vers l’électricité propre — ressources faisant appel à l’énergie hydraulique, nucléaire, éolienne, solaire et marine et à celle de la biomasse — est essentielle pour lutter contre le changement climatique.

Abacus rapporte que 56 % des Canadiens « pensent qu’un investissement considérable s’impose dans les sources d’énergie propre pour remplacer les combustibles fossiles par de l’électricité propre afin que nous puissions atteindre notre objectif de carboneutralité » d’ici 2050.

D’après le sondage en ligne d’Abacus réalisé du 12 au 17 mars auprès de 2 000 Canadiens, une « grande majorité de Canadiens » (71 %) « considèrent que la lutte contre le changement climatique est une priorité importante », mais 61 % conviennent qu’elle pourrait être traitée comme une « priorité de moindre importance en raison de la pandémie ».

De nouvelles possibilités d’électrification qui semblaient autrefois impossibles à réaliser sont désormais à portée de main. De nombreuses études prévoient que la demande canadienne d’électricité non émettrice doublera ou triplera à mesure que l’ensemble de l’économie se dirigera vers la carboneutralité en 2050.

L’électricité peut ouvrir la voie à un avenir énergétique propre et contribuer à la lutte contre la crise climatique. Comme l’indiquent les paragraphes qui suivent, les associations nationales d’électricité du Canada sont à l’œuvre.

En effet, le secteur canadien de l’électricité a déjà atteint, voire dépassé son objectif fixé en vertu de l’Accord de Paris – appelé « objectif 30/30 », qui consistait à réduire les émissions de GES de 30 % dès 2030 par rapport au niveau de 2005. En 2019, les émissions attribuables à la production d’électricité avaient été réduites de près de la moitié par rapport à celles de 2005. Il s’agit d’une réussite majeure, qui sera suivie d’autres avancées.

La fin prochaine de l’ère du charbon au Canada se traduira par une nouvelle réduction des émissions. Le Canada sera bientôt l’un des rares pays au monde doté d’un réseau électrique alimenté dans une proportion de 90 % par des sources non émettrices. Le gouvernement fédéral s’est engagé à mettre en place un réseau à zéro émission nette avant 2050, objectif que le pays est bien placé pour atteindre rapidement.

En plus de fournir un réseau propre, l’électricité a bien d’autres atouts à offrir pour soutenir l’économie du Canada et ses objectifs en matière de lutte contre le changement climatique.

Policy Magazine (en anglais seulement)

En tant que principaux fournisseurs d’électricité aux consommateurs et sur les marchés, nous nous entendons tous sur deux mesures qui pourraient faire en sorte que l’électricité joue un rôle de premier plan, quel que soit le mode de production utilisé. Nous reconnaissons que le Canada pourra compter sur de nombreuses ressources, actuelles et potentielles, sous forme d’énergies renouvelables non émettrices, d’énergie nucléaire et de combustibles fossiles.

Premièrement, nous avons besoin de stratégies globales pour accroître la demande en électricité de sources non émettrices dans les secteurs qui dépendent traditionnellement des combustibles fossiles, notamment les transports, l’industrie et les infrastructures.

Si vous connaissez quelqu’un qui envisage d’acheter un véhicule électrique, vous avez probablement entendu parler d’« électrification ». Il se peut aussi que vous ayez lu des articles sur la production d’hydrogène par électrolyse. L’innovation transforme actuellement tous les secteurs très polluants, y compris ceux du transport de marchandises et de la production d’acier et d’aluminium. De nouvelles possibilités d’électrification qui semblaient autrefois impossibles sont maintenant à portée de main. De nombreuses études prévoient que la demande canadienne d’électricité de sources non émettrices doublera, voire triplera à mesure que nous nous dirigerons vers une économie carboneutre en 2050.

Deuxièmement, nous devons investir dans les infrastructures. Toutes les sources d’électricité ont besoin de lignes de transport – sur des distances variables – entre les lieux de production et de consommation. Nous devons continuer à moderniser notre gigantesque réseau électrique, que nous avons construit sur une période de plus d’un siècle, afin de tirer le maximum de nos abondantes ressources énergétiques. Pour que l’électricité joue un rôle central dans notre approvisionnement énergétique, nous devons étendre nos réseaux, les renforcer et les moderniser en y intégrant de nouvelles technologies, tant du côté de l’offre que de la demande, afin de les rendre plus efficaces et plus résistants aux phénomènes météorologiques extrêmes.


Policy Magazine (en anglais seulement)

La construction de nouvelles infrastructures électriques, jumelée au déploiement de nouvelles technologies liées à l’efficacité énergétique, à la production sans émissions et à l’électrification, créera des dizaines de milliers d’emplois. Elle se traduira également par d’énormes changements dans le marché du travail au Canada. Les travailleurs devront posséder des compétences différentes et de nouvelles connaissances pour tirer parti des nouvelles technologies et des nouveaux procédés. Il faudra donc créer de nouveaux parcours de formation, améliorer les compétences des travailleurs actuels, leur offrir une formation d’appoint et nous doter d’une main-d’œuvre abondante.

Le Canada peut – et doit – donner la priorité à l’utilisation de ses ressources en électricité abondantes, bien établies et émergentes, pour accélérer ses progrès en matière de climat et décarboniser son territoire. Les Canadiens veulent utiliser de l’électricité propre afin de combler leurs besoins énergétiques et souhaitent que le gouvernement soutienne les citoyens et leur permette de participer à la protection de leur climat. Nous devons commencer dès maintenant à déployer rapidement les technologies actuelles, à former la main-d’œuvre, à développer de nouvelles technologies et à améliorer l’intégration de tous les éléments à l’échelle de notre réseau national.

Alors que nous nous préparons en vue de la COP26 dans la foulée du premier Sommet des dirigeants sur le climat tenu à l’occasion de la Journée de la Terre, la mobilisation des efforts déployés par les principales économies du monde pour réduire les émissions au cours de cette décennie cruciale constitue l’un des principaux thèmes sur lesquels doivent se pencher les dirigeants mondiaux.

Dépêchons-nous de mettre en place les éléments nécessaires pour exploiter pleinement le potentiel de décarbonisation du secteur de l’électricité sans émissions, avant qu’il ne soit trop tard. Si nous nous dotons de politiques et de mécanismes de soutien appropriés, l’électricité pourra demeurer la principale solution pour lutter contre le changement climatique au Canada.

Publié à l’origine en anglais dans Policy Magazine, le 12 mai 2021.

Patrick Bateman est président par intérim d’Hydroélectricité Canada; Francis Bradley est président-directeur général de l’Association canadienne de l’électricité; Michelle Branigan est directrice générale de Ressources humaines, industrie électrique du Canada; John Gorman est président-directeur général de l’Association nucléaire canadienne; Robert Hornung est président et chef de la direction de l’Association canadienne des énergies renouvelables; et Elisa Obermann est directrice générale de Marine Renewables Canada.

Partager